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Mot du Secrétaire Général Académique (Accueil des nouveaux étudiants de l’UNH)

Mot du Secrétaire Général Académique (Accueil des nouveaux étudiants de l’UNH)

Monsieur le Recteur,

Madame, Monsieur les membres du Comité de Gestion,

 Messieurs les Doyens,

Chers élèves hier, aujourd’hui étudiants de l’Université Nouveaux Horizons 

La cérémonie d’accueil à laquelle vous êtes conviés me donne l’occasion de vous peindre en grandes lignes, la situation qui est la vôtre.  

L’accueil des étudiants de licence s’inscrit dans un contexte universitaire et sociétal général : la massification des effectifs de l’enseignement supérieur observable les deux dernières décennies. Le fonctionnement actuel des universités et de leurs composantes s’explique par cette évolution historique capitale. Cependant, la massification ne suffit pas à expliquer les évolutions des établissements du supérieur.  Il s’est également opéré un changement du public étudiant. 

Il a été constaté, suite à la massification des problèmes récurrents d’abandon des études supérieures et d’échecs répétés des étudiants de premier cycle. Ce phénomène s’inscrit au sein de la faille qui s’est ouverte entre d’une part les instances universitaires, continuant à fonctionner comme si aucun changement n’avait pas réellement eu lieu, et les nouveaux étudiants d’autre part, dont les attentes et besoins ne trouvent pas de réponse.

Les multiples raisons sont connues : défaillance du système d’information et de communication, fausse croyance, de la part de certains étudiants et de leur famille, que l’université est la continuité « naturelle » des études secondaires, l’idée que la pédagogie universitaire était quasi-inexistante, culture et pratiques des enseignants universitaires différentes de celles connues au secondaire.  A cela s’ajoute une nouvelle relation des étudiants au savoir, marquée le plus souvent par une absence de référence aux grands textes de la pensée, par une culture de l’immédiateté qui laisse croire que les enseignements sont rentables à court terme, et par des pratiques discursives inattendues des enseignants, écrites et orales, parce que différentes de celles connues au primaire et au secondaire. C’est ainsi que la démocratisation de l’accès à l’enseignement supérieur, ne s’est pas accompagnée d’une démocratisation de l’accès au savoir. 

Pour ce qui est du changement du public étudiant, cette explosion des effectifs de l’enseignement supérieur marque la transformation très rapide de l’enseignement réservé à une élite vers un enseignement de masse. Jusqu’au début des années 1960, les étudiants sont des « héritiers » d’un système qui leur permet d’évoluer dans un monde protégé et ont peu de soucis quant à leur avenir. Ils sont libres de « s’abreuver à la culture libre et critique. Ces étudiants ont un accès privilégié à la culture et sont politiquement conscientisés de sorte que leur diplôme est un passeport pour l’emploi.

Ce modèle d’étudiant a disparu, remplacé par les « nouveaux étudiants » perdus dans la masse des grandes universités. Les études supérieures sont devenues la continuité naturelle et incontestée des études secondaires. Un élargissement du bassin de recrutement a eu lieu. 

L’étudiant n’est plus un privilégié culturel, profitant de la vie universitaire et de ses traditions. Désormais, il s’intéresse principalement à l’emploi qu’il pourra obtenir à la clé de sa formation et s’attend à ce que l’investissement qu’il a réalisé pour obtenir un diplôme lui rapporte des bénéfices. Il n’est plus politisé, son lexique est davantage scolaire, il n’a pas la certitude d’obtenir un emploi après ses études et considère que l’université n’est qu’une parenthèse quotidienne dans sa vie, dont l’essentiel réside en dehors des études, dans la sphère privée. Dans ce sens, « aller à l’université n’est même plus une ambition mais une nécessité sociale. 

Lors de leur entrée dans l’enseignement supérieur, les étudiants sont transformés par les tris et sélections scolaires. Ils ne sont donc pas réductibles à leurs caractéristiques individuelles, mais deviennent le produit du filtrage universitaire. Les conditions de leur accès à l’université influent sur la psychologie et le degré de motivation des étudiants. Le choix des études longues comme en médecine, le choix d’une filière comme l’architecture ou les SIC génère une motivation particulière. Et donc, nous sommes en présence d’une diversité de motivations, donc une diversité d’attitudes et de comportements à l’égard des études, à l’égard des structures de l’université et de ceux qui les animent.  

Par ailleurs, en termes de poids du capital scolaire, les étudiants les plus jeunes, les bacheliers généraux, et les femmes sont plus assidus aux cours et aux examens que la moyenne, les plus âgés étant beaucoup plus absents. 

Lors des premières années à l’université, le lycéen devient étudiant par une série de rites d’affiliation à la communauté étudiante. Trois temps caractérisent ces rites : l’étrangeté (étonnement), ensuite l’apprentissage (quand on consent à s’initier aux exigences de la vie estudiantine au lieu du rejet tacite et enfin l’intégration communautaire connue comme une affiliation. La décision de faire des études supérieures peut, avant l’affiliation, être mise en cause ; à ce titre, la première année est particulièrement cruciale. 

Sous le signe de l’étrangeté comme première expérience de l’étudiant entrant à l’université, celui-ci vit une série de ruptures brutales qui génère une perte des repères. L’étudiant est propulsé dans un univers qu’il ne connaît pas, dont il ne maîtrise pas les codes et dont l’organisation reste obscure. De plus, ceux des nouveaux étudiants qui ont subi des choix contraints entrent à reculons dans la carrière étudiante.  Cette période est marquée par le sentiment d’isolement, de solitude au sein des grands groupes.

Le deuxième temps, l’apprentissage, est la période la plus dangereuse : elle est faite d’incertitudes et de routines à mettre en place, comme apprendre à organiser seul son emploi du temps et développer des stratégies de travail. Une conformisation se produit. Mais l’inverse peut se produire : des étudiants en difficulté d’intégration qui deviennent de « faux étudiants » dominés par un sentiment négatif d’auto-étrangeté ou d’aliénation. Ils se sentent confrontés à la désorganisation ou la créent en ignorant tous les règlements et en incitant d’autres à agir comme eux.  

L’intérêt de la présente cérémonie et de vous aider à vous situer, à vous stimuler à minimiser le sentiment d’étrangeté et à œuvrer de manière volontariste à votre intégration, ce que nous avons appelé l’affiliation. Affiliation à la marque particulière de l’Université Nouveaux horizons.  

Puisque c’est un temps de votre vie (trois ans pour certains, cinq à 7 ans pour d’autres), une allégorie me vient à l’esprit : c’est celle du Temps gouverné par la Prudence. C’est une peinture à l’huile sur toile de moyen format conservée à la National Gallery de Londres qui représente trois têtes d’hommes superposées à trois têtes d’animaux : à gauche un vieil homme et un loup, au centre un homme d’âge mûr et un lion, à droite un jeune homme et un chien. Au-dessus de leurs têtes on peut voir une devise écrite en latin, disposée en trois groupes de mots de gauche à droite : ex praterito praesens / prudenter agit / ne futura actione deturpet, ce qui signifie : « informé du passé, le présent / agit avec prudence, / de peur qu’il n’ait à rougir de l’action future ».

Ces trois groupes de mots représentent les trois moments de la vie : la vieillesse, la maturité et la jeunesse, et surtout le passage du temps : respectivement le passé, le présent et le futur. La devise latine inscrite au-dessus de leurs têtes permet de comprendre le tableau comme une allégorie de la Prudence dont le fin mot est d’éviter de rougir (avoir honte) dans le future. 

La présente cérémonie est un moment solennel d’invitation à l’affiliation au sein de l’UNH vous appelant à la prudence dans la gestion de votre temps d’études au sein de à l’UNH. 

  • Que l’effet de masse ne vous fasse pas perdre de vue le but de votre inscription ici qui n’engage que vous. D’où, évitez de vous laisser entraîner dans n’importe quelle action en marge de votre but.  Comportez-vous ici selon le profil de ce que vous rêvez de devenir demain, des femmes et des hommes respectables, modèles. 
  • Le désir d’atteindre votre but doit vous conduire à observer les consignes des enseignants autant que de l’administration qui ne sont là que pour vous.
  • Le cas de faux étudiants est celui de ceux qui sont parmi vous en se disant : je suis là en attendant. Donc je n’ai pas besoin d’être assidu, pas besoin d’observer les règles parce que j’irai ailleurs. Demain n’appartient à personne. Capitalisez votre présence ici, ça pourrait être la chance de votre vie. L’ailleurs est ailleurs et ne garantit rien. 
  • A l’UNH, un système d’information et de communication entre les étudiants et l’Université existe. Soyez-y attentifs. Les messages vous parviendront par mail ou par whatsapp, tenez en compte en respectant les rendez-vous ou les échéances annoncées pour les travaux, pour le paiement de frais, etc. 
  • La démocratisation de l’accès au savoir signifie ici que la savoir est disponible à tous. Mais, je l’ai dit déjà, dans les temps actuels, grâce au LMD, l’accès au savoir est personnalisé. C’est à vous de vous former. Pour cela, vous aurez des cours magistraux (apprenez la prise de notes, les professeurs sont là pour vous orienter), des cours pratiques (apprenez à collaborer avec le corps scientifique et entre vous), des notes de cours et des lectures (allez en bibliothèque). Pendant le cours, mettez de côté votre téléphone (à moins que le professeur vous recommande de l’utiliser pour le cours mais jamais pour chatter, faire autre chose sans rapport avec le cours !). 
  • Pour tous problèmes, un service étudiant existe, une équipe de coordination estudiantine et les bureaux de décanat (secrétariat facultaire et bureau du Doyen) de votre Faculté d’attache. 
  • Retenez que la valeur d’un homme ne se mesure pas à son argent, son statut ou ses possessions. La valeur d‘un homme réside dans sa personnalité, sa sagesse, sa créativité, son courage, son indépendance et sa maturité. Et la maturité, c’est avoir le courage d’utiliser sa propre intelligence ! 

Bienvenue à l’UNH.